Connus
depuis l’antiquité pharaonique sous les noms de Lebu, Tehenu, Temehu,
Meshwesh, les Berbères subsistent dans un immense territoire qui
commence à l’ouest de l’Égypte. Actuellement des populations
parlant le berbère habitent dans une douzaine de pays africains,
de la Méditerranée au sud du Niger, de l’Atlantique au voisinage
du Nil.
Mais
cette région qui couvre le quart Nord-Ouest du continent n’est
pas entièrement berbérophone, loin de là ! Aujourd’hui,
dans cette région, l’arabe est la langue véhiculaire, celle
du commerce, de la religion, de l’État, sauf dans la marge méridionale,
du Sénégal au Tchad où la langue officielle est le
français. Ainsi, les groupes berbérophones sont isolés,
coupés les uns des autres et tendent à évoluer d’une
manière divergente. Leur dimension et leur importance sont très
variables. Les groupes kabyle en Algérie, Braber et Chleuh au Maroc
représentent chacun plusieurs centaines de milliers d’individus
tandis que certains dialectes, dans les oasis, ne sont parlés que
par quelques dizaines de personnes. C’est la raison pour laquelle les
cartes d’extension de la langue berbère n’ont pas grande signification.
Le territoire saharien couvert par les dialectes touareg (tamahaq) en
Algérie, Libye, Mali et Niger est immense mais les nomades berbérophones
qui le parcourent et les rares cultivateurs de même langue ne doivent
guère dépasser le nombre de 250 ou 300 000. Ils sont à
peine plus nombreux que les habitants du Mzab qui occupent dans le Sahara
septentrional, un territoire mille fois plus exigu. Le bloc kabyle est
dix fois plus peuplé que la région aurasienne, plus vaste,
où est parlé un dialecte berbère différent.
En
fait il n’y a aujourd’hui ni une langue berbère, dans le sens où
celle-ci serait le reflet d’une communauté ayant conscience de
son unité, ni un peuple berbère et encore moins une race
berbère. Sur ces aspects négatifs tous les spécialistes
sont d’accord… et cependant les Berbères existent.