lundi 20 mai 2013

Le Rif, nouvelle vitrine du Maroc




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La légende raconte que Che Guevara avait pour livre de chevet les récits de guérilla d’Abdelkrim, la grande figure patriotique du Rif, cette région rebelle du nord marocain soumise jusqu’en 1956 au protectorat ibérique, avec qui elle partagea les heures sombres de la guerre civile espagnole.
Le colonialisme avait eu pour conséquence d’écarteler le Maroc et ce territoire montagneux gardera de cette période des liens puissants avec l’Espagne voisine, comme l’est par ailleurs le centre du pays avec la France.

Trafics, chômage et contestation sociale

Avec le Maroc indépendant et ses luttes politiques intestines, le Rif, pays berbère et autonomiste, n’a jamais digéré l’autorité du trône alaouite, fondée à bien des égards sur des liens de courtisanerie et de féodalité. Le roi Hassan IIen fera payer le prix à ses habitants, délaissant pendant des décennies tout le nord du Maroc.
Conséquence paradoxale, le Rif, région limitrophe de l’Europe (ses côtes n’étant éloignées que de 14 km de Gibraltar), a été tout ce temps une des régions les plus pauvres du royaume. Enclavée, elle devait sombrer dans les trafics en tous genres, celui du cannabis en particulier, dont elle tirera une réputation bien sulfureuse.
En 1999, à peine monté sur le trône, Mohammed VI veut en finir avec cet isolement dommageable et source d’insécurité. Il y fera un voyage mémorable en guise de réconciliation. Pourtant, il n’ira pas jusqu’à autoriser le rapatriement des restes d’Abdelkrim, mort en exil au Caire.
En réalité, la doctrine royale s’appuie sur un volontarisme économique, sans repenti formel sur les exactions commises du temps de son père qui fera du Rif une région martyre, bombardée au napalm pour mater son irrédentisme.
Encore aujourd’hui, c’est au cœur de villes frappées par le chômage endémique dû à un exode rural massif doublé d’un islamisme rampant, comme Tétouan l’Andalouse et surtout Tanger, la cosmopolite, que la clameur de la contestation est la plus forte en écho aux révolutions arabes. C’est aussi ici que le chaudron identitaire a toujours été bouillonnant, la reconnaissance constitutionnelle de l’Amazighe comme langue nationale n’ayant pas vraiment contenté les Rifains, très attachés à la reconnaissance de leurs particularismes.